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Extraits

 
 

    Après l'accouchement, les femmes devaient  garder le lit pendant cinq à  six jours. Les besoins les plus essentiels devaient se pratiquer couchée. Au bout de ce temps, la femme recommençait tout doucement à effectuer de petits travaux. Elle devait garder un rythme prudent pendant une période de quarante jours, temps nécessaire aux organes pour se replacer et permettre aux futures grossesses de se dérouler dans de bonnes conditions. J'en parlais des années plus tard avec ma sœur qui avait eu ses deux premiers enfants en octobre, puis en novembre de l'année suivante, ensuite  avec d'importants écarts allant  de trois  à sept ans.  Je lui demandais quel était son secret et comment elle faisait pour avoir si peu de grossesses.   Je me rappelle  de sa réponse qui m'avait semblé bien laconique : « Nous avions le thermomètre ! » Elle ajoutait   qu'une religieuse  lui avait indiqué cette méthode en la  faisant jurer de ne pas la révéler.  Le docteur aussi  lui avait fait promettre de conserver le secret, elle n'avait pas le droit d'en parler aux autres femmes. Pourtant si on avait connu ce moyen, ça aurait transformé nos vies !
Et lorsque le curé venait me voir lors de sa visite paroissiale,  il me félicitait d'avoir une si grande et belle famille !


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    Je fermais les yeux et fus emplie d'une douce torpeur à la fois joyeuse et méditative. Je la sentais enfin cette joie qui comble et électrise en même temps ! Je saluais ces petits êtres  les remerciant intérieurement de m'offrir  ce moment unique. Je décidais de m'approcher plus près et d'aller  sur la balancelle de l'autre côté de l'étang.  Là tout en  me balançant  doucement,  un léger bruit  attira mon attention :  délicat froissement de feuilles et d'herbes fraîches. J'arrêtais mon bercement et  sentis distinctement deux présences autour de moi,   comme une pression s'effectuer sur le socle. Au fond de moi je sentais que mon rêve était en train de prendre vie : deux ratons-laveurs aux yeux plein de curiosité s'en venaient à ma rencontre. Avaient- ils capté les vibrations de ma demande, mon désir sincère de les rencontrer ? Avaient-ils senti la joie pétillante qui émanait  de mon coeur  ?  Je ne  bougeais  plus du  tout. Je perçus l'aspiration d'une  peur voulant  me  maintenir à sa merci ; je l'accueillis, respirais en confiance. Elle se dilua instantanément me rendant  ma liberté, disponible pour la rencontre.


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    C'est en avion, lors du dernier vol San Francisco–Montréal  que je vais vivre une crise d'angoisse, me sentir aspiré dans une spirale dangereuse où j'ai la sensation d'avoir tout perdu. Je vis des peurs voraces et innombrables, aussi insaisissables qu'une anguille se faufilant furtivement partout en moi.
Loups hurlant dans le Grand Froid Intérieur, cessant au moment où épuisé, je leur lance quelques bouts de viande jetés en pâture, pauvres morceaux de moi-même...  moi m'aime pas ... Ma vie repose sur un château de cartes mais moi je crois, ou fais semblant,  que le château repose sur de solides fondations. Je ne suis  pas prêt, il faut que tout s'écroule pour que je m'en aperçoive. C'est compliqué d'être un humain, qui dira le contraire? La clef ne nous est pas donnée à la naissance !
Être humain c'est justement accepter de jouer à ce jeu de pistes, souffrances, incompréhensions questionnements, recherche de sens et de vérité,  quête de réponses et de révélations... Aventure de la Vie!
  

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Traversée sur la banquise

    Je suis bien tout au chaud, ici au moins je ne risque rien. Cet endroit, je le connais, les bruits me sont familiers. Dehors sur la banquise, le vent mugit de plus en plus fort, WHOU-OU-OU-OU !

    Ma maman a froid, elle est si faible... Je peux sentir les battements accélérés de son cœur, elle que j'aime tant, que je ne veux pas quitter. Ici il fait si chaud et c'est tellement doux.. Faut-il vraiment traverser ce grand froid.? Affronter les territoires inconnus, les grandes forêts sombres et bruyantes, ne pas savoir où je suis, où je vais... Et me sentir si frêle, ballotté par les grands courants avec la peur panique de mourir, d'étouffer, de n'être plus qu'une pauvre petite brindille abandonnée à la puissance du vent... et qui dérive on ne sait où ! Mais le temps presse : il est l'heure de sortir et retarder cet instant empêche maman de partir chercher de la nourriture – quelques poissons peut-être – de guetter patiemment dans un trou de glace pour y plonger sa patte sans hésitation, avec la certitude de manger bientôt et d'apaiser cette faim qui lui dévore l'estomac et l'affaiblit si vite.
Ça y est : Bébé Ours Blanc sait que le moment est venu, il se sent propulsé vers l'extérieur, comme sur un toboggan magique ultra rapide,il n'y a qu'à se laisser glisser et soudain il se retrouve à l'air libre.
« Oh que c'est beau ici, c'est tout blanc et ça brille ! »
     Dieu merci il n'a pas le temps d'avoir froid car il se retrouve aussitôt tout pelotonné dans la douce fourrure de sa mère qui lui fait sa première toilette. Déjà un délicieux nectar blanc comme la neige, chaud et sucré, lui coule sur la langue ; alors il se sent entier et apaisé.
« Hum c'est bon ! C'est facile de naître, ça fait du bien et je peux profiter encore mieux du « chaud » de ma maman ! Je pourrais leur dire aux autres, si je les sens pleurer de peur comme moi tout à l'heure, je saurais les rassurer car ici il fait aussi chaud dehors que dedans, je suis bien accueilli, bien réchauffé et bien rassasié. Nourri, logé, blanchi... aimé... pas de doute : ici aussi c'est le Paradis !.

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L'Accident


    Je m'appelle Diane. Diane Tremblay.
    Le 11 octobre 1995, je suis Place de l'Etoile à Paris, je traverse l'avenue Foch. C'est l'une des douze grandes avenues réparties en étoiles, qui entourent
l'Arc de Triomphe, arche mondialement réputé sous lequel une flamme brûle en permanence : la Flamme du Soldat Inconnu, symbolisant tous les soldats tués au cours de la Première Guerre Mondiale.
    La flamme du souvenir est ravivée tous les soirs à 18h30 pour ce soldat dont on ignore tout, mais qu'on honore soir après soir, vie après vie. Pour quelle cause, sinon celle de sacraliser la guerre et ses victimes ? Déifier tous ceux qui tombent pour la patrie, glorifier tous « les bons petits soldats ». Pourquoi revenir ainsi toujours sur les mauvais souvenirs ?

    Moi aussi je suis tombée au champ d'honneur, mais pour quel combat ?
... Parce que je ne vous ai pas encore dit que ce fameux 22 octobre, je viens d'arriver à Paris pour assister au mariage de ma grande amie Sophia. Je serai sa Demoiselle d'Honneur. Honneur, Triomphe... Arc de Triomphe...
Avenue Foch... Foch ?... .Foche, fauche, faucher... je me fais faucher avenue Foch !
Y a-il là une raison valable d'en rire ? Je suppose que oui mais je suis encore loin de le savoir !...

… Reprenons : alors que je traverse l'avenue en compagnie de Sophia et de sa mère, surgit tout à coup, sortie de nulle part, une motocyclette lancée à 80km/heure, et qui comme ça, sans raison apparente, se dirige vers moi et sans même que nous ayons été présentées, me percute violemment !...
    Je n'ai aucun souvenir de cette collision, ce que je sais, c'est que d'une certaine façon, ma vie a commencé en cet instant ! Durant les sept années qui ont suivi, tout s'est mis en place : un puzzle de vie qu'on dirait prévu d'avance ! Petits morceaux s'emboîtant les uns dans les autres pour former un tout parfait.
    Le Tout, c'est  ma vie . « Tout » se complète ! Il se produit un miracle : l'ouverture de cette boite de Pandore, ce trésor dont j'ignore encore l'existence : « Ma Vie » !  Et je dis bien « Ma Vie », malgré que d'après les spécialistes qui se sont occupés de mon cas – et ils étaient nombreux à s'y pencher – je n'étais pas supposée survivre à cette rencontre parisienne. Si par extraordinaire, le miracle se produisait, j'étais, d'après eux, destinée à rester
paraplégique. Apparition d'un nouveau nom destiné à enrichir mon vocabulaire et qui signifie : «  Paralysie complète ou partielle des membres, notamment des membres inférieurs  »

    S'il est relativement facile, bien que pas drôle du tout, de saisir le concept de « paralysie complète », que peut bien signifier celui de « paralysie partielle » ? Est-on paralysé par moment, retrouvant la mobilité à d'autres pour se retrouver bloqué l'instant suivant ? S'agit il d'une partie de notre jambe qui est paralysée, peut-elle quand même bouger et se mouvoir ? De notre pied ? De nos doigts de pied ? De certains doigts de pied ? Que tout cela est compliqué !

    Marcher ou ne pas marcher, là réside bien la question fondamentale!

    Car on dira ce qu'on voudra, mais marcher c'est pouvoir vivre pleinement ! Aller où on veut quand on veut. Être autonome, quitter une situation qui n'a plus de raison d'être, aller vers la nouvelle qui nous tend les bras... les pieds... ou partir librement à sa rencontre.
    Pour ceux qui ont toujours marché sans peine, cet acte peut sembler bien insignifiant. Car abstraction faite des quelques mois de la petite enfance – qui nous voit ramper ou se déplacer à quatre pattes et que tout le monde a oublié – et du temps de la vieillesse, voire du handicap – que beaucoup ne souhaite pas projeter – il semble naturel pour la plupart d'entre nous de marcher, de courir, d'aller où bon nous semble. Être privé de ce qui peut sembler un « droit acquis », peut devenir une grande opportunité de croissance. Celui qui un jour a été arrêté dans son élan, le sait, car sa « bonne étoile » lui a permis de l'expérimenter dans sa chair, dans son être profond. Il y a un vrai miracle pour ceux qui tombent, ne peuvent plus marcher et puis un jour, par la Grâce Accordée, se remettent debout prêts à explorer le
nouveau monde sur leurs deux jambes. Ce sont des êtres chanceux et s'ils en ont conscience, alors et sans qu'ils aient à relancer les dés, ils atterrissent directement sur la case «  Bénis des Dieux », où tout leur sera offert désormais ; ils verront les Rois Mages s'avancer vers eux portant le plateau d'argent recouvert de myrrhe, d'or et d'encens et tendront simplement les bras le cœur plein de reconnaissance!

    Donc le choc ! Tout s'arrête... en apparence !...  
    La mère de Sophia, héroïque
vestale, arrête la circulation automobile qui doit être intense –elle l'est toujours en ce lieu, à l'exception de la nuit – mais je suis tombée en pleine après-midi.

    Il y a un homme qui passe par là, il s'arrête, évalue rapidement les dégâts. Il est jeune, brun, typé. Son corps est puissant, son visage reflète force et douceur. Il se nomme Réginald, il a 29 ans, il va se précipiter vers mon petit corps disloqué, étendu, et projeté à plusieurs mètres, pour jouer le rôle de la bonne fée qui se penche sur mon berceau. Spontanément il va prendre ma tête entre ses mains, me procurant une énergie de vie qui atténue mon choc, m'envoyant bien que je ne le sente pas consciemment, des ondes apaisantes. Des années plus tard à l'occasion d'une formation en Energétique, j'apprendrai que Réginald, par son geste, m'a probablement sauvé la vie, m'empêchant de sombrer dans un gouffre-trou noir-panique interne-hémorragie et autres fantaisies destructrices ! Lui aussi frappé par le destin, est pris dans un grand dédale d'émotions : coup d'oeil - coup de main - coup de foudre - coup de panique - coup d'essai - coup d'éclat - coup de maître - coup de grâce - coup monté- à coup sûr ! Voilà un événement que lui non plus, n'est pas prêt d'oublier !

    Moi, j''entre alors dans un coma, sommeil profond chez les Grecs.
    Belle au Bois Dormant, dormirais-je cent ans ?

    Je bascule dans un espace sans temps, dimension oubliée, départ pour vingt-quatre heures d'éternité...
    Pendant ce temps, beaucoup d'agitation se déploie autour de « moi » : l'ambulance, la sirène, le brancard, l'hôpital, les tuyaux, les médecins, les couloirs, la chambre, le lit, les draps... et mon corps cassé... J'ai tout oublié, je navigue plus haut.

    Au centre, ils vont m'appeler Miracle !